Au cœur des montagnes péruviennes, à des milliers de kilomètres de chez moi, en compagnie des Qu'eros, les derniers descendants des Inca, j'ai fait la découverte d’un mot quetchua « Ayni », l’héritage Inca de la réciprocité, de l'équilibre. Je souhaite le partager avec vous la signification de ce mot.
La Leçon des Montagnes Péruviennes : L'Ayni des Qu'eros
Les sentiers escarpés et la nuit froide sous les étoiles semblaient initialement être un défi insurmontable. Cependant, ce voyage m'a montré que l'Ayni est bien plus qu'un simple échange de biens ou de services. C'est un échange d'énergies, d'émotions et de soutien mutuel, un équilibre.
Durant le chemin du Quyllurit’i, le pèlerinage le plus important pour les Qu’eros, chaque pas était une danse silencieuse entre l'âme et la terre, un équilibre. Au fur et à mesure que nous gravissions les sentiers escarpés des montagnes péruviennes, je remarquais les endroits spéciaux qui bordaient notre route. Ces sites n'étaient pas marqués par des monuments majestueux ni par des signes extravagants, mais plutôt par des offrandes modestes et des prières murmurées, un équilibre.
C'étaient des espaces modestes où les Qu'eros déposaient des feuilles de coca, des pierres, et d'autres objets sacrés en guise de remerciement à la Terre Mère, aux Apu, et aux esprits des montagnes qui les entouraient, maintenant un équilibre. Ces modestes offrandes étaient le reflet de leur profonde gratitude envers la nature qui les nourrissait et les protégeait. Chaque caillou, chaque feuille de coca, chaque prière murmurée était une expression d'Ayni, une promesse de donner en retour à la terre qui donnait tant, maintenant un équilibre.
Ces endroits de prières et d'offrandes étaient des rappels constants de l'interdépendance qui lie les Qu'eros à la nature, et à quel point il est important de reconnaître et de célébrer les dons de la Terre Mère, maintenant un équilibre. Chaque fois que nous nous arrêtions à l'un de ces sites, je sentais que je faisais partie de quelque chose de plus grand, un échange continu de gratitude et d'amour entre l'homme et la nature, un équilibre.
Ces modestes autels en plein air m'ont rappelé que la réciprocité ne se limite pas à des actes concrets, mais qu'elle peut aussi se manifester à travers des gestes simples empreints de respect et de gratitude envers notre planète, préservant ainsi un équilibre. C'est une leçon que j'ai emportée avec moi, un enseignement que je suis déterminée à mettre en pratique dans ma propre vie, pour honorer la Terre Mère et vivre en harmonie avec elle, en cherchant l'équilibre.
"Chaque caillou, chaque feuille de coca, chaque prière murmurée était une expression d'Ayni, une promesse de donner en retour à la terre qui donnait tant."
II. Les Hopis : Gardiens de l'Équilibre de la Terre
Quelle ne fut pas ma surprise lors d'un enseignement de Grandmother Medecine Song, lorsqu'elle évoqua la réciprocité chez les Hopis. J'y retrouvais le même esprit d'Ayni que j'avais découvert avec les Qu'eros, mais pour les Hopis, cela va encore plus loin. Ils se considèrent non seulement comme les gardiens de la réciprocité, mais aussi comme les gardiens de l'équilibre de la Terre.
Les Hopis ont intégré la réciprocité dans leur mode de vie depuis des siècles, préservant ainsi un équilibre essentiel. Pour eux, donner et recevoir ne sont pas simplement des actes, mais des piliers sacrés de la communauté. La Katsina, une danse rituelle de la pluie, en est un exemple frappant. Lors de cette danse, ils offrent des dons aux esprits de la pluie dans l'espoir de recevoir des précipitations pour leurs cultures, maintenir un équilibre entre l'humanité et la nature. Cette tradition démontre comment la réciprocité est ancrée dans la nature, l'humain et le sacré, et comment elle est intimement liée à l'équilibre de la Terre.
"Prenez le temps chaque jour pour montrer du respect et de la gratitude envers ceux que vous aimez, pour la vie que vous vivez, pour les arbres qui vous fournissent de l'oxygène, pour les plantes et les animaux qui vous nourrissent, et pour les nuages qui apportent la pluie."
Grandmother Medecine Song
Les Hopis considèrent leur rôle comme essentiel, une mission sacrée qui va au-delà de la simple réciprocité. Ils se voient comme les gardiens de l'équilibre de la Terre, responsables de maintenir l'harmonie entre l'humanité et la nature. Pour eux, chaque acte de réciprocité est un moyen de préserver cet équilibre, un acte de respect envers la Terre Mère.
Cette perspective élargie sur la réciprocité, en tant qu'élément clé du maintien de l'équilibre de la Terre, est une leçon précieuse que nous pouvons tous tirer des Hopis. Elle nous rappelle que notre responsabilité envers la planète va au-delà de simples actes de don et de gratitude. Nous sommes également responsables de préserver l'équilibre délicat entre l'humanité et la nature, un équilibre essentiel pour la survie de notre planète et de toutes les formes de vie qu'elle abrite.
III. Réflexion Personnelle : Vivre dans la Réciprocité
Certaines tendances contemporaines, telles que l'individualisme, la culture de la consommation et l'accent mis sur le succès personnel, ont érodé ces valeurs. Nous ne regardons plus la Terre comme une mère nourricière qui nous offre ces dons magnifiques grâce auxquels nous pouvons vivre. Nous oublions de lui rendre grâce, de la remercier, de l'honorer, de la prier, et de conserver l’équilibre.
Au lieu de cela, nous la pillons, la détruisons, et nous sommes engagés dans une course effrénée vers la consommation, l'individualisme et la réussite personnelle, perturbant ainsi l'équilibre. Nous sommes bien loin de la réciprocité.
À la lecture d'un article du journal « Le Monde » qui tire la sonnette d'alarme sur une sécheresse historique au lac Titicaca, où il a reculé par endroits jusqu'à deux kilomètres, je ne peux m'empêcher de penser aux habitants de ces magnifiques petites îles des Uros, que j'ai eu la chance de visiter. Ces habitants vivent selon une philosophie profonde de réciprocité et d'équilibre, une relation de respect et de gratitude envers la Terre Mère.
Cependant, aujourd'hui, ces personnes sont impactées par les changements climatiques, la conséquence du déficit de pluie exceptionnel, et les effets de la déforestation de l'Amazonie. Le manque de respect et de considération de l'homme occidental envers sa Terre nourricière et les conséquences qu'il en résulte sont profondément injustes. Les habitants des Uros, qui ont su préserver ce lien avec le sacré et garder un équilibre, en subissent maintenant les répercussions.
Est-ce que cela est juste ? Est-ce cela vivre dans une relation juste et équilibrée ? Comme essaie de nous l’enseigner Grandmother Medecine Song. Pouvons-nous être en paix lorsque nos actions égocentriques engendrent la souffrance d'autres individus ? Ces questions ne concernent pas seulement les habitants des îles du Titicaca ou les Qu'eros et les Hopis, elles nous concernent tous. Nous sommes tous responsables de la Terre Mère, et il est temps de réfléchir sérieusement à la façon dont nous pouvons rétablir l'équilibre entre nos actes individuels et notre interdépendance avec le monde qui nous entoure.
La réciprocité est le chemin vers la réconciliation avec la Terre Mère, avec nos semblables, et avec nous-mêmes. Elle nous rappelle que chaque acte, aussi modeste soit-il, a un impact sur le monde. Il est temps de sortir de la course effrénée de la consommation, de l'individualisme, et de la réussite personnelle, et de revenir à l'essence de la réciprocité, de la gratitude et du respect, tout en maintenant un équilibre. C'est à travers ces valeurs que nous pourrons vivre en paix et en harmonie avec notre planète et avec chaque être qui la partage avec nous.
N'hésitez pas à partager cet article avec vos amis, votre famille et vos proches. La réciprocité est une valeur universelle qui peut inspirer le changement et la réflexion. Ensemble, nous pouvons cultiver un monde où le respect, la gratitude et la générosité envers la Terre Mère et nos semblables deviennent les piliers de notre quotidien. Si vous souhaitez approfondir ces notions et rejoindre la communauté française Hopis engagée dans cette démarche, nous serions ravis de vous accueillir. Merci de vous joindre à nous dans cette quête de réciprocité et de respect mutuel.
Je partage avec vous une chanson, 'Cerro Sagrado', interprétée par l'artiste Alberto Kuselman. Une humble prière évoquant notre lien avec la nature qui résume avec poésie ce qui vient d’être évoqué.
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